Travailler moins pour vivre mieux
Un commentaire d'Occitane m'a motivée à écrire ce billet. Comme j'ai pris la décision de travailler à mi-temps il y a plusieurs années et que dans ma tête le pourquoi du comment de ma décision sont clairs, j'avais l'impression que ce l'était nécessairement pour tout le monde... Or personne ne peut deviner mes intentions et mes motivations, surtout dans une relation virtuelle! Je fais donc mon mea culpa en expliquant comment et pourquoi je suis arrivée à travailler à mi-temps.
Bien longtemps avant d'entendre parler de la simplicité volontaire, je me suis rendue compte que plus je gagnais de l'argent, plus j'en dépensais. Première constatation.
Quand j'ai commencé à travailler à temps complet, mes études terminées, je me suis rapidement sentie aliénée par le travail. Vendre mon temps en échange de quelques malheureux dollars (et pourtant j'étais bien payée!) me semblait une hérésie. J'avais le sentiment de vendre mon énergie vitale et de ne plus en avoir pour moi, le soir venu. J'avais l'impression de perdre mon temps et de ne pas m'accomplir comme être humain (j'étais pourtant enseignante, un travail plutôt satisfaisant). Et les fous du travail qui m'entouraient et ne se valorisaient que par le travail (ou si peu par autre chose, malgré leur discours sur l'importance de la famille) me semblaient être des exemples parfaits de l'aliénation réussie. Le cas où la personne aliénée reprend et défend le discours du système qui l'aliène. Deuxième constatation.
Bon, certaines personnes diront probablement que je pousse un peu fort, mais c'était le sentiment que j'avais. Et je persiste et signe! Pour moi, le travail est simplement un moyen de gagner des sous pour faire tout le reste! Je tiens toutefois à préciser que j'ai un travail que j'aime et dans lequel je m'accompli, mais ma personne ne se résume pas à mon travail. Lorsqu'on me demande ce que je fais dans la vie, je ne répond pas en disant le nom de ma profession. Je ne crois pas que les gens soient médecins, enseignants, réviseurs, etc. Je crois qu'ils travaillent comme médecin, enseignant et réviseur. Bref, je ne me définis pas par mon travail!
Le fait de travailler moins me permet de passer du temps avec ma famille et mes amis, de faire du bricolage, de cuisiner, de jardiner, de méditer, de lire, de militer, de faire du bénévolat et même de regarder mes fleurs pousser! En d'autres mots, cela me permet de prendre le temps de vivre, tout simplement! Et comme je fais beaucoup de choses moi-même (parce que j'ai le temps de le faire), j'économise. Comme j'économise, j'ai moins besoin de travailler. L'éternel question se pose donc ici : est-ce que la poule vient avant l'oeuf ou l'oeuf avant la poule?!!
Depuis que je travaille moins, j'apprécie davantage mon travail. J'y trouve plus de plaisir. Et comme j'ai le temps de faire toutes sortes de choses, j'ai le sentiment d'être une personne plus accomplie et plus équilibrée. Plus je fais du travail manuel, plus je m'aperçois que ça me manquait lorsque je travaillais à temps complet. Rien n'est plus satisfaisant, à mon avis, que de faire des choses simples : cuire son pain, faire son yaourt, cultiver ses légumes, fabriquer ses produits de nettoyage, etc. Je crois que cette satisfaction du travail accompli et la simplicité de ces gestes ne sont pas étrangers au fait que nos ancêtres connaissaient beaucoup moins que nous la maladie mentale (dépression et cie).
Mais comme il est facile de se faire avaler par le travail, je reste constamment sur le qui-vive! Non seulement j'essaie de résister à l'appel du travail et des sous, mais je m'efforce constamment de faire plus de choses moi-même, de diminuer ma consommation et de jouir des choses simples.